Premier trimestre sans note

Publié le par Ch Gobbe

Je ressors des cartons un projet que j'ai mis en place pendant 3 ans. Des collègues m'ont demandé des informations sur ce projet, je publie donc ce que j'ai réalisé en espérant qu'il pourra intéressé certaines personnes. Malheureusement, je n'ai pas pu le remettre en oeuvre cette année, faute de temps, mais je pense réitérer l'expérience l'an prochain, y compris en Terminale et, en Seconde, l'inscrire dans un projet pédagogique plus large (mais cela est encore une autre histoire qui en est encore à l'état de projet).
N'hésitez pas à réagir, à poser vos quastions, à compléter, critiquer. En outre, j'aimerais que certains anciens élèves réagissent pour dire comment ils ont "vécu" cette expérience.
D'autres outils viennent compléter ce que j'ai mis en ligne. N'hésitez pas à me contacter et je vous enverrai ce que j'ai fait.


Compte rendu du projet
Christophe Gobbé
Professeur de SES
Lycée Charles PONCET
74300 CLUSES
UN TRIMESTRE SANS NOTE EN 1ERE ES, EST-CE POSSIBLE ?

LES PREMIERS QUESTIONNEMENTS
Depuis plusieurs années, j'avais envie de travailler autrement en Première et notamment de tenter d'éviter « l'effet de pallier » lié aux exigences d'une matière importante dans une filière « difficile ». Arrivés en Première ES, les élèves ont souvent une quantité de travail importante et des résultats en baisse sensible par rapport à ceux qu'ils avaient en Seconde.
J'avais également envie de concentrer ce travail sur l'aspect pronostique et formatif de l'évaluation, davantage que sur la dimension sommative qui, me semble-t-il, a tendance à déresponsabiliser les élèves. La note est souvent vécue comme une sanction positive ou négative qui n'incite pas l'élève à faire le point sur ses atouts et ses faiblesses.
Par ailleurs, je me suis, à plusieurs reprises, questionné sur les limites des évaluations chiffrées que nous utilisons habituellement. Il me semble que ces évaluations ne nous permettent pas de faire le point sur le type de difficultés qu'ont nos élèves. Par exemple, on demande à un élève de faire des calculs statistiques dans un devoir. A l'un des calculs, il a juste ; à l'autre, de même nature, il a faux. Au total, il a 10. Mais sait-il faire ce calcul statistique ? En a-t-il vraiment assimilé la méthode ? Et si ce n'est qu'une simple étourderie, la méthode n'est-elle pas acquise pour autant ?
Enfin, j'ai suivi le parcours scolaire de mes enfants qui, pendant la quasi-totalité de leur enseignement primaire, n'ont pas eu de note, mais, en fin de trimestre, des évaluations rapportant l'acquisition ou non d'objectifs à atteindre. Cela n'a pas eu d'effet « désincitatif » sur leur scolarité, me semble-t-il. Par contre, les premières notes qui sont tombées comme un couperet en 6e ont parfois été très décourageantes.

SAVOIRS, SAVOIR-FAIRE, SAVOIR-ETRE
Il y a quelques années, j'ai participé à un ouvrage collectif (35 fiches pour réussir au lycée) qui visait à apporter des réponses en ce qui concerne l'accompagnement des nouveaux publics lycéens, notamment pour ce qui est de l'organisation et des méthodes de travail.
Bien que travaillant dans un établissement sans problème, avec de bons résultats au bac et des élèves qui, pour l'ensemble, posent très peu de difficultés, il n'en reste pas moins que ce que nous considérons comme des choses a priori acquises le sont souvent de moins en moins, notamment dans les établissements où les classes « difficiles » : arriver à l'heure, avoir ses affaires, retirer son manteau lorsqu'on s'assoit, être attentif, poser des questions, respecter la parole d'autrui... tout un ensemble d'éléments qui font partie intégrante de ce qu'on appelle parfois « le métier de lycéen » et qui sont loin d'être assimilés par tous :
- avec certains publics dits « difficiles », les enseignants doivent se battre pour avoir la paix, le silence et une ambiance de travail acceptable ;
- le public auquel nous nous adressons - les lycéens - est parfois dans une phase délicate de développement de leur personnalité et il faut créer une atmosphère de communication et d'échange... Pour cela, il faut se mettre en situation d'écoute et de travail.
Il me semble nécessaire, dans nos critères d'évaluation, d'objectiver ces éléments et de les sanctionner aussi positivement : pour certains élèves, dont les problèmes familiaux ou personnels sont très importants, se mettre en situation de travail, c'est déjà un gros effort et un énorme progrès.
C'est pour cela qu'il m'a semblé, dès le départ, nécessaire de présenter aux élèves une grille qui n'évalue pas uniquement des savoirs mais également des savoir-faire (méthode, organisation, etc.) et des savoir-être (écouter, être attentif, respecter les autres...).

QUI EVALUE-T-ON ?
L'évaluation n'est pas un règlement de compte, et très souvent, la note est vécue par l'élève en tant que tel. Quoi de plus logique, les commissions d'harmonisation montrent tous les ans que nous avons tous nos « dadas » et que pour une même copie, la note peut extrêmement varier d'un enseignant à l'autre.
La plupart des travaux sociologiques ont montré le rapport extrêmement complexe de l'élève à sa note. Nous sommes sensés évaluer le travail et non l'individu, mais l'individu met une partie de lui-même dans son travail. Chacun connaît le langage symbolique de la note qui constitue parfois une façon de dire « tu es nul, tu n'as aucune chance » ou le contraire.
Le caractère particulier de l'établissement dans lequel je travaille amplifie cette fonction symbolique de la note : bien que ne recrutant pas les élèves parmi des CSP particulièrement favorisées, l'établissement - ancienne Ecole Nationale d'Horlogerie - jouit d'un certain prestige de telle sorte que la plupart des parents, des élèves et des enseignants, l'assimilent à un grand lycée de centre ville (et les résultats au bac sont d'ailleurs sensiblement comparables). Dans ces conditions, les enseignants ont tendance à élever leur niveau d'exigence, signifiant ainsi implicitement que les élèves sont dans un bon établissement, donc qu'ils doivent se confronter à de grosses difficultés. Cette démarche, louable peut-être dans l'intention - chacun souhaite que les élèves aient un bon niveau - a pour corollaire l'écroulement des élèves les plus fragiles et des taux d'échec en Seconde extrêmement élevés.
Arrivés en Première ES, les élèves savent pertinemment qu'on va leur demander du travail et des efforts... et par conséquent il ne me semble pas nécessaire de valoriser davantage les meilleurs et de stigmatiser encore les moins bons, mais de « poser les valises » et d'établir une sorte de contrat qui est le suivant :
- si je mets des notes qu'on a coutume de mettre à Charles PONCET, les 2/3 d'entre vous n'auront pas la moyenne parce que ce qu'on demande en SES, c'est difficile ;
- avant de rentrer dans la course à la note, il faut peut-être d'abord faire le point sur ce dont vous êtes capables ou non, et ce sur quoi vous devez faire des efforts ;
- une fois que vous aurez pris conscience de vos lacunes, vous aurez 18 mois pour vous préparer au bac, non pas pour avoir 10, mais 14, 15 ou plus et être prêts à vous lancer dans l'enseignement supérieur ;
- avant de se lancer dans la course, on fait un trimestre sans note... enfin pas tout à fait, qui compte un peu « pour du beurre »...
- mais ce trimestre est déterminant puisqu'il va vous permettre de voir sur quels points vous devrez travailler pour réussir ;
- en milieu et en fin de trimestre, vous aurez une note, mais ce n'est pas moi qui la mets cette note, qui est censée évaluer globalement votre niveau à partir d'une multitude de critères.

LE TRAVAIL EN AMONT
Le travail en amont a consisté à lister l'ensemble des savoirs, savoir-faire et savoir-être présentés dans un premier document distribué aux élèves et adressé aux familles (voir à la fin du document).
Cette liste n'est bien entendu pas exhaustive et, a posteriori, la difficulté est d'y rester « accroché ». Néanmoins, elle joue un rôle essentiel car elle permet aux élèves de voir ce qu'on attend d'eux... pas seulement des savoirs, mais des méthodes, des comportements, des attitudes.
Le travail en amont consiste également à définir très fermement les règles de classe. Faire un trimestre sans note, c'est prendre le risque que des élèves qui ne sont pas sérieux, profitent de la situation pour ne rien faire. Il est donc nécessaire de poser clairement sur le papier des règles de fonctionnement très explicites, qui peuvent être discutées mais qui, une fois acceptées par tous, sont appliquées scrupuleusement.
Enfin, il s'agit de mettre en place également dans un tableur un système qui transforme des évaluations du type « satisfaisant » ou « insuffisant » en notes. J'ai donc mis en place un système ou chaque niveau d'évaluation est égal à une note de 0 à 1 :
- très insuffisant = 0
- insuffisant = 0.25
- moyen = 0.5
- satisfaisant = 0.75
- très satisfaisant =1
Ensuite, il suffit de faire le total des points (des pondérations sont possibles) et de rapporter la note sur 20. Cette note, je la garde pour moi, je ne la donne pas aux élèves. Mais elle me permet, lors de l'entretien individuel, de voir si les élèves sont capables, à partir de leur grille d'évaluation, de donner une note chiffrée correspondante.
Dans la très grande majorité des cas, leur auto-évaluation était tout à fait judicieuse, et à partir de la grille dont il disposait, ils étaient le plus souvent capables de donner une évaluation chiffrée cohérente.
Enfin, de façon à garantir le sérieux de ce travail auprès des élèves et des parents, il a fallu en avertir et avoir l'aval de mon IPR et de mon chef d'établissement. Aucune réticence ni d'un côté, ni de l'autre, au contraire !

UN TRIMESTRE SANS NOTE, UN SUPPLEMENT DE TRAVAIL ?
On pourrait croire que la mise en place de telles grilles est un supplément énorme de travail.
Pour moi, la gestion des évaluations à l'aide d'un tableur a été relativement aisée, maîtrisant assez bien cet outil de bureautique.
La construction des évaluations n'a pas vraiment été plus complexe, au contraire : dès lors que l'on connaît nos critères d'évaluation, c'est plus facile de concevoir un devoir.
Le remplissage des grilles est relativement fastidieux ; néanmoins, je gagnais beaucoup de temps à ne pas commenter les copies puisqu'en guise de remarques, chaque élève avait une grille complète.
Il m'a fallu également, dès le début de l'année, faire une mise au point sur les méthodes de travail : comment s'y prendre, comment s'organiser, comment gérer son temps...
Ce travail demande également une attention particulière sur le suivi des élèves : vérifier régulièrement que le travail est effectué, noter les attitudes, les comportements, les problèmes, les progrès. Ça m'a particulièrement été nécessaire avec deux élèves intéressés, motivés, mais qui manquaient terriblement de rigueur. Il a fallu leur rappeler d'avoir leurs affaires, de ne pas oublier leur travail, etc. A posteriori, je crois que ces élèves ont vécu ces rappels à l'ordre non pas comme une sanction, mais comme une véritable aide individualisée au travail.

LES ENTRETIENS INDIVIDUELS
Deux semaines avant les vacances de la Toussaint, j'ai rencontré individuellement tous les élèves. Les autres avaient des travaux en autonomie à préparer. Chaque élève devait apporter ses évaluations, ses cours complets, ses fiches de cours. Ces entretiens consistaient à faire un bilan, donner une première estimation chiffrée et globale du travail, en incluant l'attitude, la régularité, etc.
L'aide des grilles d'évaluation permet une analyse plus fine des résultats, mais surtout d'avoir des éléments objectifs pour évaluer le travail : repérer ceux qui apprennent mais qui ont des difficultés de compréhension, d'analyse, ceux qui n'apprennent pas, ceux qui ne parviennent pas à travailler régulièrement.
Cela permet également de mettre les élèves face à leurs responsabilités : la note est « déculpabilisatrice » (« je n'ai pas travaillé, j'ai eu une mauvaise note, je ne dois rien à personne ») ou décourageante (« j'ai travaillé, j'ai une mauvaise note, c'est une injustice »). Tout mon travail consistait à dire aux élèves : « ce n'est pas moi qui met la note, je me contente de voir si c'est acquis ou non, puis, à partir des critères évalués, il en ressort une note globale ». Cela change profondément la nature des relations puisque la note ne résulte plus dans ce cas d'un rapport qui peut être vécu comme une forme « d'opposition » entre le professeur et l'élève, mais d'une mesure presque extérieure (celle faite par l'ordinateur dans lequel je rentre les différents critères) des performances.
L'objectif des entretiens devenait alors de trouver les causes et les remèdes aux difficultés décelées.

BILAN GLOBAL DE CE TRAVAIL
Une évaluation de ce travail a été faite auprès des élèves et des parents à l'aide d'un questionnaire (Voir fin de document). Le taux de retour est de l'ordre de 60%, ce qui est plutôt satisfaisant compte tenu du délai relativement bref que j'avais fixé pour récupérer les questionnaires.
Pour les parents, ce qui me semble le plus intéressant, c'est que 83% ont le sentiment que leur enfant s'est davantage « responsabilisé » et pour avoir quelques retours informels, ils ont plutôt apprécié que j'incite leurs enfants à avoir un comportement moins infantile face à leur travail. Néanmoins, parmi ceux qui ont consulté les fiches d'évaluation de leur enfant, seulement 53% arrivaient à se faire une idée de la qualité du travail de leur enfant, même si les trois quarts n'ont pas été surpris par la note chiffrée mise lors du bilan intermédiaire.
Pour les élèves, mis à part quelques-uns, une très forte majorité pense que les fiches étaient claires, qu'elles leur ont permis de faire le point sur leurs difficultés (même si beaucoup les connaissaient déjà), n'ont pas été surpris par les notes mises en milieu et en fin de trimestre (notes qu'ils trouvent justifiées pour 91% d'entre eux) et 65 % seraient prêts à poursuivre l'expérience au 2e trimestre.

QUELQUES PROLONGEMENTS A ENVISAGER
La dimension sommative de la note a manifestement manqué à certains parents et certains élèves. Peut-être serait-il intéressant d'accompagner chaque fiche d'une lettre de A à E. Néanmoins, l'objectif de départ était justement de se défaire de cette dimension, en prenant le risque (et en jouant dessus) que les élèves perdent un peu leurs repères, de telle sorte que chaque élève se défasse de ses certitudes (« je suis bon » ou « je suis mauvais »).
Il me semble qu'il serait intéressant de mettre en oeuvre un travail en équipe autour de telles grilles d'évaluation, notamment pour les savoir-être et quelques savoir-faire. Cela me paraît intéressant, plus particulièrement pour des classes qui posent des problèmes de comportement. Cela permettrait, en Seconde par exemple, de mettre en oeuvre des outils de mesure de l'adaptation des élèves aux exigences du lycée (en termes de travail, d'organisation, d'autonomie, d'attitude...).
Enfin, je ne suis pas parvenu à évaluer une dimension qui demanderait un travail en amont très important. Je fonctionne très souvent avec une pédagogie en spirale : je vois une notion ou un mécanisme et une semaine, un mois plus tard, je réutilise cette notion ou ce mécanisme dans un autre contexte. Il s'avère très intéressant de construire des outils obligeant à planifier ce retour sur des choses vues et de mesurer leur acquisition par la capacité qu'ont les élèves à les réutiliser dans un autre contexte. C'est ainsi que l'on peut mesurer l'assimilation des connaissances sur le long terme, et c'est une dimension que les outils que j'ai mis en oeuvre ont en partie  occultée.
Néanmoins, le bilan apparaît globalement positif, tant du point de vue des élèves que des parents et du mien et m'incite à réitérer cette expérience.

***

Document adressé aux familles en début d'année

Pendant le premier trimestre, pas de note en SES !
Document à destination des élèves et des parents

Quel parti pris étonnant alors que notre culture scolaire est fondée sur la note. Pour l'enseignant qui, dès le début  de l'année, cherche à déceler le niveau de ses élèves et à les motiver avec une « carotte » à la clé (tu travailles bien  et tu es sage, t'as une bonne note) ; pour les élèves qui recherchent une récompense (c'est peut-être leur cadeau de Noël qui est en jeu !) et à évaluer leur niveau (mais en général les bons savent déjà qu'ils le sont et les moins bons aussi), ou à se rassurer.

Néanmoins, ces notes ont des effets pervers, comme disent les sociologues, qui sont des obstacles à la réussite scolaire :
- l'autosatisfaction : « j'ai eu de super notes ce trimestre, je suis un(e) bon(ne), je me la joue un petit peu, voire je me repose sur mes lauriers ». Sans vouloir être désagréable, du haut de vos 16, 17 ou même 18 ans, un lycéen même excellent en a beaucoup à apprendre (c'est la même chose, me semble-t-il, à 30, 40 ou 50 ans) ;
- le découragement : « j'ai eu deux ou trois mauvaises notes et je me dis que tout est fichu, que ça ne sert plus à rien, que de toutes façons, j'aurais dû faire autre chose ». C'est tellement plus facile de se décourager que de progresser et faire des efforts ;
- enfin et surtout, les élèves ne regardent pas leur travail : ils s'auto-sélectionnent ! « J'ai 15, je suis bon, j'ai 6 je suis nul ». Or l'intérêt de travailler, c'est de progresser et pour progresser, il faut réfléchir sur ce que l'on fait. Tous les sportifs savent cela : quelle que soit la performance, il faut toujours analyser la course, le match, le tir qu'on a fait, réfléchir sur les erreurs, mais aussi relever les progrès ou les points forts.

Par conséquent, « pas de note », cela ne signifie pas « pas d'évaluation »... mais des évaluations différentes qui obligeront les élèves à réfléchir sur ce qu'ils font, ce qu'ils ont réussi et ce qu'ils ne parviennent pas à faire.

Comment va-t-on procéder ?
Je vais vous remettre une fiche générale d'évaluation (annexe 1) : ce sont tous les objectifs que je juge utile d'atteindre à la fin du premier trimestre de Première. Certains concernent le comportement, la participation, d'autres les résultas ou d'autres encore le travail personnel. Au cours du trimestre, les élèves auront des devoirs, je relèverai des travaux à préparer, j'observerai aussi comment chacun se comporte et j'évaluerai les différents points. Lors des devoirs, il n'y aura pas de note mais des objectifs évalués de la façon suivante :
- (S) satisfaisant : c'est bien, ce point est acquis ;
- (AS) assez satisfaisant : c'est plutôt maîtriser mais il faut encore progresser ;
- (I) insuffisant : c'est trop juste, ce point n'est pas acquis, il faut le consolider ;
- (TI) très insuffisant : il faut reprendre complètement ce point, se remettre en question, le revoir de A à Z.

Durant la semaine qui précèdera les vacances de la Toussaint, je rencontrerai chaque élève de la classe et regarderai avec lui (elle) son travail. Il (elle) devra rapporter ses cours, ses fiches de cours, ses devoirs, et nous analyserons ensemble son comportement, son attitude, son intégration, son investissement, son travail et ses résultats. Cette rencontre donnera lieu à une évaluation chiffrée représentative du travail fourni.
Ce travail sera réitéré avant le premier conseil de classe et la moyenne des deux notes constituera la moyenne du trimestre.

Mes objectifs
Bien entendu, derrière ce travail, j'ai des objectifs qui sont les suivants :
- lutter contre les effets pervers de la note présentés ci-dessus ;
- mieux connaître le niveau des élèves, leurs qualités et leurs faiblesses pour les aider à travailler ;
- faire un suivi individualisé de leur travail et de leur début de Première pour les aider à mieux s'adapter à la filière ES et mieux s'intégrer dans la classe ;
- les aider à prendre des habitudes de travail qui permettent de mieux réussir ;
- leur faire prendre conscience de leurs faiblesses et de leurs lacunes ;
- mieux les préparer aux épreuves type bac que nous aborderons dès le deuxième trimestre.

Ce trimestre sans note (en fait, pas tout à fait) ne signifie certainement pas moins de travail ni pour les élèves, ni pour moi. Mais pour l'avoir déjà mis en place, je sais qu'il est riche d'enseignement pour les élèves et que s'ils sont souvent déboussolés au départ, ils trouvent très vite leur compte et se mettent à mieux réfléchir sur ce qu'ils font. S'ils jouent le jeu, il leur permet de mieux progresser ; sinon, j'aurai perdu mon temps à essayer de travailler différemment. C'est donc aussi à vous, élèves, par votre travail et votre investissement, de faire en sorte que ça marche.

Je comprends tout à fait que cette démarche puisse paraître surprenante, je prends néanmoins quelques précautions pour m'assurer de la faisabilité de mon travail, en le soumettant au regard critique de mes collègues, de mon Inspecteur et du Proviseur. Tous les retours sont bienvenus, tant ceux des élèves que ceux des parents.
Je reste bien entendu à votre disposition, élèves, parents, pour répondre à toutes vos questions.


Ch. Gobbé,

Les objectifs à évaluer au premier trimestre

Avoir une attitude convenable et positive en classe, c'est-à-dire :
- Etre attentif, ne pas bavarder
- Ne pas gêner le fonctionnement du cours
- Poser des questions, faire des remarques
- S'investir dans la vie de la classe
- Respecter la parole d'autrui

Le travail est sérieux et régulier, c'est-à-dire :
- Les cours sont pris correctement
- Les cours sont relus, annotés
- Les fiches sont faites régulièrement
- Savoir se prendre en charge et travailler de façon autonome
- Porter un regard critique et cohérent sur son travail
- Préparer sérieusement les exercices de cours et les TD
- Le travail rendu est propre et soigné

Les méthodes utilisées en SES sont globalement acquises, c'est-à-dire :
- Etre capable de comprendre un texte
- Savoir en tirer les informations essentielles
- Etre vigilent, critique face à un texte
- Savoir calculer les outils statistiques de base
- Savoir les utiliser à bon escient
- Savoir déjouer les pièges de lecture de données statistiques
- Savoir lire un graphique correctement
- Etre critique, vigilent vis-à-vis des graphiques

Maîtriser les règles de la rédaction, c'est-à-dire :
- Rédiger correctement, sans lourdeur
- Eviter les fautes d'orthographe
- Savoir rédiger convenablement un paragraphe de 10 à15 lignes
- Utiliser à bon escient les mots de liaison
- Savoir organiser logiquement ses idées

Maîtriser les notions vues au cours du trimestre, c'est-à-dire :
- Restituer une notion simple vue quelques jours auparavant
- Restituer une notion simple vue 1 ou 2 semaines auparavant
- Restituer une notion complexe vue quelques jours auparavant
- Restituer une notion complexe vue 1 ou 2 semaines auparavant
- Restituer un mécanisme économique et/ou sociologique
- Restituer une théorie économique et/ou sociologique
- Avoir repéré quelques grands auteurs ou courants de pensée
- Le vocabulaire, vu en classe, spécifique aux SES est acquis
- Les notions clés vues en classe sont globalement acquises
- Savoir distinguer l'essentiel des exemples ou des anecdotes

Evaluation faite avec les parents et les élèves

Courrier adressé aux parents

Madame, Monsieur,
Le premier trimestre de l'année scolaire de votre enfant touche à sa fin. Comme convenu, en SES, votre enfant n'a pas été évalué directement par des notes mais à l'aide de fiches d'évaluation qui avaient pour objectif
- de permettre à votre enfant de faire le point sur ses points forts et ses points faibles,
- de le mettre en confiance et l'aider à se responsabiliser,
- le cas échéant le mettre au pied du mur en lui montrant, à l'aide d'évaluations très précises, pourquoi il ne travaille pas assez, ou pourquoi il ne travaille pas comme il le faudrait.
Outre les fiches d'évaluations que j'ai à chaque fois remises à votre enfant, j'ai évalué son activité en classe, son sérieux, sa régularité, ses efforts. Tout cela a donné lieu, comme prévu, à deux notes, une donnée avant les vacances de la Toussaint, l'autre avant le conseil de classe, la moyenne des deux correspondant à la moyenne du trimestre.
Aussi il m'importe beaucoup de faire un bilan de ce travail, avec votre enfant et avec vous. C'est pourquoi je vous demande de bien vouloir remplir le questionnaire ci-dessous (totalement anonyme) qui me permettra de faire le point sur mon travail (les élèves peuvent détacher leur partie et ne pas montrer leurs réponses à leurs parents).
Je sais qu'en général, arrivés en Première, vos enfants ont une certaine autonomie. Aussi, ce qui m'importe dans cette évaluation, c'est de savoir si votre enfant vous a parlé de ses résultats en SES autrement qu'en vous disant « j'ai eu telle ou telle note ». Enfin, toute remarque complémentaire est bienvenue.
Avec tous mes remerciements,
Ch. Gobbé

Résultats

Questionnaire parents 

Votre première impression a-t-elle été positive lorsque vous avez été informé de ce projet de trimestre sans note ? OUI : 77% - NON : 23 %
Votre enfant a eu 4 évaluations écrites au cours du trimestre et un entretien avec moi, vous en a-t-il parlé ?  OUI : 77% - NON :  23 %
Arrivait-il à vous rendre compte de ses résultats en SES ? (il était capable d'évaluer la qualité de son travail)  OUI : 77% - NON : 23 %
Avez-vous été surpris par la note chiffrée en SES figurant sur le relevé de notes intermédiaire ? OUI : 24 % - NON :  76%
Votre enfant vous a-t-il montré ses fiches d'évaluation en SES ? OUI : 41% - NON : 59 %
Si oui, avez-vous réussi à avoir une idée de la qualité de son travail ? OUI : 53 % - NON : 47 %
Concernant ses résultats en SES, votre enfant ne vous a-t-il parlé que de la note mise avant les vacances ? OUI : 42% - NON : 58 %
Avez-vous le sentiment que votre enfant se soit plus responsabilisé dans son travail depuis le début d'année ? OUI : 83 % - NON : 17 %
Pensez-vous que le repère que constitue la note lui a manqué ? OUI : 39 % - NON : 61 %
Ce repère que constitue la note vous a-t-il manqué à vous pour évaluer le travail de votre enfant en SES ? OUI : 38 % - NON : 63 %

Questionnaire élèves

Les fiches d'évaluation étaient-elles claires ? OUI : 97 % - NON : 3 %
T'ont-elles permis d'évaluer réellement tes points forts et tes points faibles ? OUI : 87 % - NON : 13 %
La note de demi trimestre que je t'ai donnée a-t-elle été une grosse surprise ? OUI : 21 % - NON : 79 %
Cette note te semblait-elle justifiée ? OUI : 91 % - NON : 9 %
L'entretien individuel que nous avons eu avant les vacances t'a-t-il été utile ? OUI : 78 % - NON : 22 %
Globalement, sais-tu à présent sur quoi doivent porter particulièrement tes efforts ? OUI : 91 % - NON : 9 %
Savais-tu auparavant sur quoi devaient porter tes efforts ? OUI : 63 % - NON : 38 %
L'effet stimulant de la note t'a-t-il manqué ? OUI : 35 % - NON : 65 %
Ce trimestre sans note t'a-t-il moins stressé ? OUI : 52 % - NON : 48 %
Ce trimestre sans note t'a-t-il plus stressé ? OUI : 18 % - NON :  82 %
Si je donnais le choix aux élèves, souhaiterais-tu prolonger ce fonctionnement au 2e trimestre? OUI : 65 % - NON :  35 %

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S
Je me souviens d'avoir bien vécu ce 1er trimestre sans note en première. Ma première impression "c'est cool, pas besoin de bosser en ses, puisqu'il n'y a pas de note" en fait celà s'appelle être naïve et avoir 17 ans, se dire que le BAC c'est l'année d'apres et donc se laisser aller, se dire wé super j'ai réussi à entrer en ES... Voilà ce qu'était ma première impression du trimestre sans notes quand notre prof nous l'a annoncé oralement. Ensuite vient le papier qui montre les différents critères d'évaluations, me semble t-il à remettre aux parents. Aprés l'avoir lu, et apres réflexion en fait je me suis dit si tu bosse c'est pour toi, note ou sans note on est quand même évalué sur des savoirs faire ou savoir être donc j'ai décidé de coopérer.Ce que j'ai trouvé interessant dans le projet c'est la réflexion sur nous même, c'est à dire que grâce aux grilles d'évaluations on savais ou on en étais par rapport à nos points forts et nos points faibles notamment sur la méthodologie de travail à la fois en cour et chez nous. Tandis qu'avec une note seul les chiffres parlent de nous, sans nous expliquer ce qui va ce qui ne va pas en gros si on a pas la moyenne on s'est planté et si on a la moyenne ou plus on se dit soit qu'on à sauvé les meubles ou qu'on a réussi sans savoir pourquoi. De plus, tous les profs ne mettent pas d'annotations ou de commentaires sur nos copies donc la note peut être plus ou moins bien interprétée par l'élève.Une expérience non traumatisante d'un point de vue élève et même trés instructive qui sort de la norme de la note.
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A
La note est aveuglante. Quand on reçoit une copie corrigée, ce qu'on regarde en premier c'est la note puis on la feuillette vaguement et basta! Seulement ce qui fait progresser, c'est clairement la prise en compte des remarques pour les devoirs suivants. Par conséquent, mettre l'accent sur des objectifs précis à atteindre me semble plus pertinent qu'une note qui reflète un ensemble mais qui ne nous indiquent pas les points acquis, à consolider ou à revoir complètement.
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