Droit de grève... ce que j'aurais aimé entendre...
Suite à la grève d'hier des enseignants, la seule réaction de Nicolas Sarkozy a été de dire : "J'aime bien les enseignants, je vais revaloriser leur statut (ils vont travailler plus pour gagner plus), mais pensez aux pauvres personnes qui ne peuvent pas garder leurs enfants les jours de grève (notamment les plus pauvres qui n'ont pas les moyens de payer une nourrice). Je vais donc imposer par la loi le service minimum".
Réactions à gauche : c'est une atteinte au droit de grève, droit constitutionnel ;
Réactions à droite : bravo Nico, font ch... les profs... on ne sait pas quoi faire de nos lardons quand ils se mettent en vac... non en grève !
Quelques réflexions :
- J'aime bien les personnes qui pensent aux pauvres et qui prennent aux pauvres pour donner aux riches...
- J'aime toujours cette réflexion : "comment garder les gosses quand les profs sont en grève ?" ça me donne l'impression d'être un garde-chiourmes ce qui ne manque pas de valoriser mon statut !
- En aucun cas cette loi est une atteinte au droit de grève : elle n'empêche en rien les enseignants de faire grève... affirmer cela semble totalement faux.
- Quel est le rôle d'une grève ? interpeller l'espace public en faisant des mouvements qui montrent l'importance d'une activité. Si les éboueurs de Paris se mettent en grève, ça gène très vite, et on voit l'intérêt de leur activité.
- Quel est le rôle d'une grève ? Créer des désagréments pour faire pression sur l'espace politique : l'objectif non dit est de bloquer le pays pour mettre des décideurs au pied du mur et les obliger à négocier... et ça marche : quand les taxis bloquent Paris, ils ont gain de cause !
- Le chauffeur de taxi est plutôt à droite ; le prof est plutôt à gauche... pas besoin d'être un fin sociologue pour savoir ça. Quand le gouvernement cède face aux taxis parisiens, il cède face à son électorat ; quand le gouvernement refuse de céder face aux profs, il tient tête à son opposition.
- Quel est le rôle de l'action politique ? Servir son électorat ? ou veiller à l'intérêt collectif ? On peut penser ici que le gouvernement sert avant tout ses avantages électoraux sans admettre le problème d'une réforme qui peut porter atteinte à l'intérêt collectif (voir l'interview de Stiglitz ici). Les enseignants ne sont pas que des gauchistes corporatistes : l'éducation est aussi leur métier et ils ont (peut-être ? certainement ? assurément ?) quelque légitimité à avancer leur point de vue.
- Quand j'étais petit, mon père était syndicaliste (dans le bâtiment) : il parlait avec beaucoup de haine des "cassseurs de grève" qui acceptaient de travailler, faire des heures supp pour permettre à l'entreprise de fonctionner pendant les conflits (c'est l'une des raisons pour lesquelles les intérimaires, qui acceptaient de travailler pendant les grèves - avec l'espoir d'être définitivement embauchés - étaient souvent très mal vus). Du coup l'effet escompté de la grève tombait à l'eau et le pouvoir de négociation et de pression des ouvriers était largement affaibli.
- Une loi sur le service minimum obligatoire n'est donc pas une loi qui interdit la grève : c'est une loi qui "brise" les grèves et retire aux enseignants (mais rassurez-vous, c'est déjà venu dans d'autres branches) un moyen de pression. Que les mécontents ravallent leur mécontentement ! Ce n'est pas interdire, c'est anéantir !
- Si on reproche aux grèvistes de refuser le dialogue social, le gouvernement retire, implicitement, une arme essentielle qui sert à interpeller l'espace public. Est-ce réellement une rénovation du dialogue social ? J'ai quelques doutes.
Valoriser des salariés par une seule promesse de hausse de salaires (qu'on ne pourra peut-être pas assurer) est un mode de management qui semble avoir vécu. Depuis longtemps, on sait que c'est par la reconnaissance, le dialogue, l'écoute qu'on peut aussi améliorer le fonctionnement d'une organisation (cf. l'école des relations humaines). MM. Sarkozy et Darcos, que vous a-t-on appris à l'école ???
Réactions à gauche : c'est une atteinte au droit de grève, droit constitutionnel ;
Réactions à droite : bravo Nico, font ch... les profs... on ne sait pas quoi faire de nos lardons quand ils se mettent en vac... non en grève !
Quelques réflexions :
- J'aime bien les personnes qui pensent aux pauvres et qui prennent aux pauvres pour donner aux riches...
- J'aime toujours cette réflexion : "comment garder les gosses quand les profs sont en grève ?" ça me donne l'impression d'être un garde-chiourmes ce qui ne manque pas de valoriser mon statut !
- En aucun cas cette loi est une atteinte au droit de grève : elle n'empêche en rien les enseignants de faire grève... affirmer cela semble totalement faux.
- Quel est le rôle d'une grève ? interpeller l'espace public en faisant des mouvements qui montrent l'importance d'une activité. Si les éboueurs de Paris se mettent en grève, ça gène très vite, et on voit l'intérêt de leur activité.
- Quel est le rôle d'une grève ? Créer des désagréments pour faire pression sur l'espace politique : l'objectif non dit est de bloquer le pays pour mettre des décideurs au pied du mur et les obliger à négocier... et ça marche : quand les taxis bloquent Paris, ils ont gain de cause !
- Le chauffeur de taxi est plutôt à droite ; le prof est plutôt à gauche... pas besoin d'être un fin sociologue pour savoir ça. Quand le gouvernement cède face aux taxis parisiens, il cède face à son électorat ; quand le gouvernement refuse de céder face aux profs, il tient tête à son opposition.
- Quel est le rôle de l'action politique ? Servir son électorat ? ou veiller à l'intérêt collectif ? On peut penser ici que le gouvernement sert avant tout ses avantages électoraux sans admettre le problème d'une réforme qui peut porter atteinte à l'intérêt collectif (voir l'interview de Stiglitz ici). Les enseignants ne sont pas que des gauchistes corporatistes : l'éducation est aussi leur métier et ils ont (peut-être ? certainement ? assurément ?) quelque légitimité à avancer leur point de vue.
- Quand j'étais petit, mon père était syndicaliste (dans le bâtiment) : il parlait avec beaucoup de haine des "cassseurs de grève" qui acceptaient de travailler, faire des heures supp pour permettre à l'entreprise de fonctionner pendant les conflits (c'est l'une des raisons pour lesquelles les intérimaires, qui acceptaient de travailler pendant les grèves - avec l'espoir d'être définitivement embauchés - étaient souvent très mal vus). Du coup l'effet escompté de la grève tombait à l'eau et le pouvoir de négociation et de pression des ouvriers était largement affaibli.
- Une loi sur le service minimum obligatoire n'est donc pas une loi qui interdit la grève : c'est une loi qui "brise" les grèves et retire aux enseignants (mais rassurez-vous, c'est déjà venu dans d'autres branches) un moyen de pression. Que les mécontents ravallent leur mécontentement ! Ce n'est pas interdire, c'est anéantir !
- Si on reproche aux grèvistes de refuser le dialogue social, le gouvernement retire, implicitement, une arme essentielle qui sert à interpeller l'espace public. Est-ce réellement une rénovation du dialogue social ? J'ai quelques doutes.
Valoriser des salariés par une seule promesse de hausse de salaires (qu'on ne pourra peut-être pas assurer) est un mode de management qui semble avoir vécu. Depuis longtemps, on sait que c'est par la reconnaissance, le dialogue, l'écoute qu'on peut aussi améliorer le fonctionnement d'une organisation (cf. l'école des relations humaines). MM. Sarkozy et Darcos, que vous a-t-on appris à l'école ???