Carte scolaire

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Au risque de passer (encore) pour un manipulateur d'esprits, je vous invite à lire cet article du Monde sur la carte scolaire. Très instructif ! Très instructifs également les commentaires des lecteurs qui permettent de voir où se situent les enjeux de la question.
A titre d'information, Baudelot et Establet ont écrit récemment un livre, L'élitisme républicain, dans lequel ils passent au crible les enquêtes PISA, ces programmes internationaux d'évaluation des systèmes scolaires à partir de tests sur des élèves de 15 ans.
Très souvent on oppose l'école de masse et l'école de l'élite : deux alternatives se présenteraient aux décideurs politiques mais également aux chefs d'établissement qui ont une autonomie de plus en plus grande en la matière : 1) favoriser le brassage social et l'hétérogénéité pour tirer les plus faibles vers le haut ; 2) faire des séparations entre les meilleurs et les moins bons pour tirer l'élite vers le haut et apporter une aide spécifique aux plus démunis.
Des résultats de PISA, il en ressort :
a) que plus le brassage est important dans un système scolaire, plus le niveau moyen des élèves est élevé, quelque soit la matière,
b) dans un système où on privilégie la mixité, les moins bons sont "moins mauvais" que dans un système segmenté,
c) que dans un tel système, les meilleurs sont meilleurs que dans un système segmenté.

Bref, pour Baudelot et Establet, opposer l'école de l'élite et l'école de masse n'a pas de sens. Ils pensent qu'il faut renforcer la mixité sociale à l'école car elle est bénéfique à tous et bénéfique collectivement : elle rend, à coût égal, le système scolaire plus efficace et plus juste socialement. Néanmoins, ils concluent également en évoquant les freins à un tel brassage : ces freins viennent des familles qui, dès qu'elles en ont les moyens, contournent la carte scolaire pour assurer les meilleurs établissements à leurs enfants, notamment lorsqu'elles habitent dans des zones géographiques dont l'établissement d'affectation n'est pas prestigieux. Autre frein, celui des profs qui, selon eux, vivent encore pour certains dans le culte d'un temps passé, d'une école sélective qui ne les confrontait, notamment au lycée, qu'à de bons élèves et des classes homogènes.

Publié dans chgobbe

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