L'introduction, à quoi ça sert ?

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On vous donne un sujet énigmatique… que doit-on faire dans l’introduction ?

Votre travail, dans l’introduction, c’est de montrer son intérêt, c'est-à-dire de montrer pourquoi dans le contexte actuel, à l’époque où nous vivons, la question mérite d’être posée. Il faut donc, en quelque sorte, « contextualiser » le sujet.

 

AMENER LE SUJET

Pour cela, vous devez amener le sujet… c'est-à-dire trouvez un « bout par lequel vous allez prendre  et tirer la ficelle »… c’est ce qu’on appelle communément l’amorce. On peut partir d’une citation, d’un fait, d’une donnée. A vous d’avoir en magasin ce genre d’outils ou de voir dans les documents un élément suffisamment signifiant pour qu’il vous serve de point d’appui.

 

DEFINIR LES TERMES CLES

Il vous faut également donner le sens des expressions clés qui sont employées dans le sujet. Attention, il ne s’agit pas de plaquer des définitions mais, au cours de votre introduction, d’en signifier le sens pour que le lecteur, qui n’est pas forcément averti, sache bien de quoi on parle.

 

DEFINIR LE CADRE SPATIO-TEMPOREL

Par ailleurs, vous devez définir le cadre : quelle époque ? quel contexte ? quand ? En SES, quand le cadre n’est pas donné dans le sujet, on privilégie le cas de la France depuis 30-40 ans. Néanmoins, on peut élargir (en remontant à la seconde guerre mondiale ou en élargissant à d’autres pays). Très souvent, ce sont les documents qui vous invitent à élargir : si vous avez des documents qui concernent d’autres pays, si les dates des documents remontent à 1960, vous serez amenés à élargir votre contexte. Mais attention à ne pas sortir de sujet en ne traitant qu’une période ou un pays « en marge du sujet ». Ce cadrage spatio-temporel – comme disent les profs – signifie que toute intro qui commence par « depuis toujours », « à toute époque », « partout dans le monde » est mauvaise parce qu’elle ne détermine pas clairement ce cadre.

 

PROBLEMATISER

Ensuite, vous devez amener votre problématique. Qu’est-ce que c’est ? JE NE SAIS PAS ! Ou plutôt si vous consultez 10 profs, ils risquent de vous donner 10 réponses différentes ! Petite expérience, je me suis « amusé » à chercher sur le web :

-           « Problématiser, c’est donc être capable d’interroger un sujet pour en faire sortir un ou plusieurs problèmes. Au delà, l’élaboration d’une problématique suppose la capacité à articuler et hiérarchiser ces problèmes. » C’est bien flou… vous comprenez ? Moi non !

-           « Problématiser, c'est poser le problème de recherche (énoncé), en faire ressortir les informations pertinentes (termes) et être dans le bon cadre spatio-temporel. La construction de la problématique se fonde sur une vue explosée de la phrase qui rend compte des sous-entendu (sens caché) et permet de mettre en évidence les liens logiques entre les termes du sujet. » Tout aussi flou ! Je ne comprends toujours pas !

-           « La problématique est la question que soulève un sujet. » D’accord, mais quand le sujet est une question du type « Le developpement durable peut-il se passer de la croissance ? »… C’est quoi la question que pose la question ?

-           « La problématisation est une étape décisive dans la construction d'un devoir scolaire et dans la réflexion en général. Or, la plupart des enseignants ne disposent que d'un sens intuitif de la problématisation. S'ils sont capables, dans la pratique, de percevoir ou de faire ressortir les tensions problématiques qui s'exercent dans un texte ou dans un sujet, ils ne remontent pas jusqu'à la règle, c'est à dire expliquer clairement ce qu'ils entendent au juste par problématique. » Oui je suis d’accord mais vous devinez quoi ? Pour avoir la bonne définition de la problématique sur ce site, vous devrez… payer 6,95 euros ! Si les enseignants ont un sens intuitif de la problématique, d’autres ont un sens inné du commerce !!!

Mieux, dans l’Académie de Grenoble, la commission d’harmonisation chargée de construire la grille d’évaluation de vos devoirs de bac a évacué la question ! Le terme problématique n’apparaît pas dans les règles de constructions de l’introduction et a été remplacé par « tâche à accomplir » ! C’est quoi la "tâche à accomplir" ????

 

Alors voici MA réponse (qui n’est pas meilleure que celle des autres !) et si des enseignants consultent cette page, qu’ils n’hésitent pas à compléter mes propos par leur propre définition de la problématique.

En sciences économiques et sociales, une question, un sujet n’est JAMAIS indépendant du contexte. Je m’explique : si vous étiez étudiant au XIXe siècle et si je vous demandais « faut-il augmenter les salaires ? », cette question aurait une dimension particulière. En effet, la plupart des ouvriers vivant alors dans des conditions d’extrême pauvreté, la question cacherait en réalité le problème d’une population ouvrière dont il faudrait améliorer le sort parce qu’elle « crèverait » encore de faim.

Si je vous posais la question aujourd’hui, le fond du problème serait très différent. La question qu’il y a derrière le sujet n’est plus celle de la misère ouvrière mais celle de la précarisation, celle des inégalités, celle de l’impact des salaires sur la demande et sur les coûts de production. Autrement dit en fonction de l’époque et du pays, un sujet revêt une dimension bien particulière !

Conclusion… si vous avez fait l’effort de « contextualiser », c'est-à-dire de montrer où et quand se pose le sujet, vous allez, de fait, montrer qu’il revêt une dimension particulière. Exemple : « depuis plus de25 ans, en France, c’est en partie une politique de l’offre qui a présidé par la rigueur salariale. Cette politique s’est accompagnée d’un accroissement des inégalités, d’une paupérisation et d’une précarisation d’une partie de la population et d’un affaiblissement de la demande contraignant les pays à aller chercher la demande ailleurs, en s’astreignant encore plus à la rigueur… N’est-il donc pas temps d’augmenter les salaires ? En augmentant les salaires, ne peut-on pas résoudre ces problèmes qui se posent dans notre société depuis 25 ans ? »

J’ai bien montré dans quel contexte la question se pose aujourd’hui, pourquoi à notre époque et dans notre pays, cette question revêt une dimension particulière.

La problématique n’est donc pas, à mon sens, une phrase particulière. Ce n’est pas une phrase isolée du contexte. La problématique c’est un ensemble, c'est-à-dire un contexte particulier que vous avez montré et qui vous permet de donner une couleur particulière au sujet, c'est-à-dire montrer qu’ici et maintenant, la question qui est formulée dans le sujet a un sens bien spécifique. La difficulté, c’est de synthétiser tout cela en une phrase ou une question. Il convient donc de bien l’amener, cette question (d’où l’utilité du travail précédent).

Je le répète, si des enseignants veulent compléter, critiquer, enrichir mes propos, qu’ils n’hésitent pas ! Ma perception n’est pas meilleure que la leur !... et j'avour que... "j'ai du mal à expliquer clairement ce que j'entends par problématique".

 

ANNONCER LE PLAN

Enfin Il faut annoncer le plan, c'est-à-dire préciser quel va être notre cheminement pour répondre à la question qui est posée.

 

Voici un exemple d’introduction sur le sujet « Progrès technique et changement social ». J’ai utilisé différentes couleurs pour que vous voyiez bien les différentes parties que j’ai évoquées ci-dessus.

 

Amorce

 

 

Cadrage spatio-temporel

 

 

Définition des termes clés

 

 

Problématique

 

Annonce du plan

L’histoire de toute société jusqu’à nos jours est l’histoire… du progrès technique. S’opposant à l’idéalisme des Lumières et à l’idée selon laquelle les idées changent le monde, Marx affirmait que c’étaient les conditions techniques qui conduisaient à la transformation de la société.

Aujourd’hui, certains pensent que le développement des technologies de l’information et de la consommation a profondément changé la société, conduisant à l’avènement de la « société monde », du « village planétaire » et d’un mode de vie occidental qui tend à s’universaliser, quels que soient les pays.

L’idée reste donc forte. Le progrès technique, c'est-à-dire l’évolution des connaissances, des savoirs mais également l’ensemble des innovations (de procédé et de produit notamment), contribue à façonner le monde et à générer des transformations sociales profondes concernant la structure et l’organisation de la société. Mais ne peut-on pas inverser la causalité ? Si le progrès technique est générateur de changement social, a contrario, ne répond-il pas à de nouveaux besoins qui s’imposent du fait du changement social ?

Nous tenterons donc de montrer la réciprocité de cette relation. A l’instar de la perception marxiste, nous verrons d’abord que le progrès technique génère du changement social. Ensuite, on montrera que cette relation n’est pas unilatérale et que le progrès technique répond également à des transformations sociales et culturelles qui le précèdent.

 


 

 

Vous pourrez trouver d’autres exemples d’introduction sur ce blog ici ou .

Publié dans chgobbe

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C
<br /> Merci Joe pour cette contribution. Si vous êtes enseignant (ce qui semble le cas), pouvez-vous nous indiquer dans quelle académie ? Par avance merci.<br /> <br /> <br />
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J
<br /> Bon faut pas exagérer l'importance de l'introduction au bac... en réalité ce qui est important c'est de DEFINIR les termes du sujets, ce qui est peu fait. Il ne sert à rien d'y passer trop de<br /> temps. La problématique c'est facile à faire : il suffit de poser une question pour chaque partie, donc il y a deux questions dans l'intro et le tour est joué. Vous posez deux questions, puis vous<br /> annoncez le plan qui répond à ces deux questions : chaque partie répond à une des questions posées.<br /> <br /> <br />
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